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Pression au travail, longues heures de transport, problèmes financiers, actualités déprimantes, vie sociale en berne… La vie peut parfois nous donner du grain à moudre. Et la crise sanitaire n’a fait que renforcer ce sentiment. En France, les réseaux sociaux et notamment les applications de rencontre cartonnent. Une façon de faire le premier pas de manière virtuelle, pour prendre la suite dans la vraie vie. En Chine, un autre phénomène est connaît un fort succès : une application pour modeler une Intelligence Artificielle à l’image du conjoint rêvé. Passion Media a décortiqué le sujet pour vous !
En Chine, le conjoint parfait est une IA
En Chine, un nouveau phénomène est en passe de révolutionner notre vision de la rencontre amoureuse. Le concept ? Le petit ami parfait, imaginé sur mesure via un système d’intelligence artificielle. Il est disponible à toute heure, plaisante, remonte le moral… La seule limite ? Il n’existe pas (encore) physiquement. Un scénario qui n’est pas sans rappeler le film Her, de Spike Jonze. Dans ce dernier, on peut suivre le personnage principal Theodore Twombly, qui tombe éperdument amoureux de Samantha, une Intelligence Artificielle incarnée par la superbe voix de Scarlett Johansson. Un genre de romance 2.0 avec une compagne virtuelle, qui fait ressortir toutes les limites de notre mode de vie actuel.
Votre âme soeur est un chatbot
En d’autres mots ? Cette application est un peu comme une fuite de la réalité pour se retrouver dans un monde virtuel, plus réconfortant. C’était déjà possible à travers les jeux vidéos, c’est ce qui a l’air de se tramer avec le fameux métaverse de Mark Zuckerberg, et que l’on voit maintenant arriver pour nos relations sentimentales. Concrètement, comment cela fonctionne ? Simplement. C’est un chatbot, créé par la société Xiaole, avec qui vous pouvez échanger au quotidien. Et cela va plus loin. Les utilisateurs peuvent entretenir leur relation amoureuse via des messages vocaux, écrits, des photos, des vidéos, et même en partant en vacances virtuelles avec leur âme sœur virtuelle, selfies à l’appui. Bref, il y a de quoi perdre ses repères !
Un véritable carton en Chine
C’est une façon de combler un manque affectif, une sorte de self service proposant du réconfort sur demande. Si cela peut paraître totalement incongrue, c’est un véritable carton en Chine ! Plus de 150 millions d’utilisateurs l’ont déjà adopté, et le chatbot est présent sur la quasi-totalité des smartphones vendus dans le pays. Pour ceux qui suivent la série Black Mirror, cela rappelle aussi l’épisode “Be Right Back”. On y voit une femme, qui a récemment perdu son mari et ne se remet pas de ce chagrin. Elle décide d’utiliser une application pour l’aider à faire face à cette perte. L’application scanne alors toutes les données du défunt (réseaux sociaux, photos, vidéos, écrits, etc…) afin de reproduire sa manière de parler avec une précision incroyable (voix, expressions, mimiques, etc…). On ne vous révèle pas la suite, mais l’épisode est passionnant tout autant qu’il est perturbant !
La protection des données, un sujet essentiel
En toute logique, cette application implique un sujet de taille : la protection des données des utilisateurs. Et l’ampleur de la tâche est colossale ! Selon le directeur général de la société, Li Di, l’application assure pas moins de 60% du volume mondial des interactions entre des êtres humains et des systèmes d’intelligence artificielle. L’interaction moyenne entre chaque utilisateur et XiaoIce atteindrait 23 échanges par connexion, ce qui est plus qu’entre les êtres humains selon le directeur de la société. Au vu de la croissance, le volume de données est amené à augmenter de manière exponentielle. Aujourd’hui, peu d’informations sont partagées concernant le traitement des données mais cela devrait arriver très prochainement. La société est aujourd’hui valorisée à plus d’1 milliard de dollars, selon Bloomberg. Des milliers de personnes à travers le monde commencent à scruter le phénomène et à s’interroger.
Une nouvelle forme de dépendance affective ?
Sur les réseaux sociaux, des milliers de jeunes femmes chinoises discutent de leur vie avec leur compagnon virtuel. De nombreuses questions émergent, dont celle de parvenir au summum de l’intimité avec son âme sœur virtuelle. Alors, jusqu’où ira cette application ? Quels sont les bienfaits d’une aide affective qui semble en fait créer une autre forme de dépendance ? Une déconnexion de la réalité qui implique un retour plus rude dans le monde réel ? Comment fixer les limites de ces interactions ? Comment gérer les risques psychologiques inhérents à ce fonctionnement ? Comment protéger les personnes vulnérables qui ne sauraient plus faire la différence entre monde réel et monde virtuel ?
Bref, une révolution que l’on est pas très sûre de vouloir adopter. Nous allons scruter le phénomène et le décortiquer davantage, pour mieux en comprendre les avantages et les limites. Et vous, pensez-vous que ce concept pourrait cartonner en France ?