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La twittosphère aime débattre, s’enflammer, argumenter, réagir aux différentes actualités. Mais ces débats sont-ils totalement libres où le dés sont-ils pipés d’avance ? Une récente étude est parue sur le sujet, et les résultats sont très intéressants. Passion Media vous explique le sujet !
L’espace public commun existe-il encore ?
Le sujet avait eu un très large écho à l’occasion de la sortie du reportage Netflix “The Social Dilemma”. On y voyait des managers de l’entreprise expliquer la conception de l’algorithme et la façon d’orienter les contenus de notre fil d’actualité selon nos préférences et nos sensibilités. Autrement dit ? Le confort de voir des choses qui ont de fortes chances de nous plaire, l’inconvénient de nous enfermer dans notre mode de pensée sans nous ouvrir à d’autres sujets. C’est d’ailleurs un concept qui est de plus en plus évoqué, notamment lorsque le sujet du complotisme est évoqué. Et on y arrive au coeur du sujet : l’espace public commun. Concrètement c’est quoi ? Un lieu d’échange sur lequel on peut découvrir de l’information, avec des sources et avis variés, afin de se forger ensuite son propre avis. Le média Libération s’est récemment associé au Médialab de Sciences-Po pour analyser le champ des médias en France et leur influence sur les conversations sur les réseaux sociaux et donc plus largement sur ce fameux espace public commun. Ils ont cette fois-ci regardé les réactions sur Twitter en réaction à un événement. Et les enseignements sont très intéressants.
L’exemple de l’interview Mélenchon sur France Inter
Pour resituer le contexte, Jean-Luc Mélenchon s’est exprimé au micro de France Inter le 6 juin. A cette occasion il dit notamment : «Vous verrez que dans la dernière semaine de campagne présidentielle, nous aurons un grave incident ou un meutre. Ca a été Merah en 2012, ça a été l’attentat la dernière semaine sur les Champs Elysées, avant on avait eu Papy Voise, dont plus personne n’a jamais entendu parler après. Tout ça c’est écrit d’avance”. Sur le moment, en plateau personne ne réagit, mais très vite la toile s’affole. Serait-il une théorie complotiste ? Les internautes débattent. Le sociologue Benjamin Ooghe-Tabanou analyse l’ensemble des réactions pour comprendre les grands traits qui en ressortent.
Deux grands enseignements sur le sujet
- Les réactions se distinguent en deux groupes : les abonnés de Mélenchon (potentiels sympathisants de La France Insoumise) et ceux de Marine le Pen (sympathisant du Rassemblement National)
- Beaucoup de retweets mutuels, de chaque groupe de discussion. Autrement dit, cela rejoint cette idée que les réseaux sociaux ne montrent qu’une partie de l’information, filtrée pour que vous voyez des gens qui partagent déjà votre avis, vos convictions. Ce que montre l’étude, c’est que ce phénomène peut potentiellement déformer votre vision de la réalité.
Le rôle des médias sur cet espace public commun
On voit que des médias comme BFM TV ou Quotidien ont une grande part à jouer sur le sujet. Leurs émissions et contenus ont ainsi été largement partagés par les deux communautés citées plus haut. Cela montre que les conversations sur les réseaux sociaux peuvent encore être largement influencées par ces derniers, on parle même d’espace public hiérarchisé. Autrement dit ? Ils ont plus de poids qu’un internaute lambda et leurs propos sont ainsi mis en avant par la plateforme. Ils sont ainsi plus largement partagés, valorisés, et c’est une boucle infinie. Dans la même logique, certaines personnalités (politiques, chroniqueurs, institutionnels, éditorialistes) ont également une place de taille. On voit par exemple Eric Zemmour, Florian Filipot, Bernard Henry Levi, Caroline Fourest, François, Jolivet et bien d’autres encore.
Ps: Vous aimez le sujet ? La série de romans “Le Crépuscule des Fauves” de Marc Levy devrait vous plaire. Il évoque ce sujet au travers d’un roman passionnant et d’une enquête palpitante. Le résumé du roman ? “Une poignée de puissants qui s’attaquent à nos libertés”